1. La culture de Qijia ( 2200-1600 av. J.-C., ???? Qíji? wénhuà ) est la première culture du Néolithique final qui effectue, en Chine, la transition avec l'Âge du bronze. Elle peut donc être considérée comme une culture de l'Âge du bronze. Elle se situe essentiellement au Gansu, à l'est du Qinghai et au sud du Ningxia. Johan Gunnar Andersson en a découvert le premier site à Qijiaping ( ??? ) en 1923, alors qu'il cherchait vers l'ouest les origines de la culture de Yangshao. Sur les plans chronologique et culturel elle fait suite et hérite de la culture de Majiayao, culture qui comporte des objets de cuivre et de bronze, les plus anciens dans les territoires actuels de la Chine. Elle est en partie contemporaine de la culture de Xiajiadian inférieur, en Mongolie-Intérieure ( 2000-1400 av. J.-C. ) .
2. La culture de Qijia produit une céramique réalisée avec art . Les céramiques sont soit sans aucun décor ou bien décorées, souvent par des impressions de cordes ou de vannerie, mais certaines se distinguent par leur décor peint de figures géométriques épurées. Les potiers tournent de grandes jarres ( guan ) à deux, parfois trois anses et à large ouverture ou avec un haut col ( ???? ) , quasiment toutes avec une base plate, ainsi que des coupes à pied ( dou ) ou des tripodes ( li, ? ) . Une poterie de type he, provenant de la culture de Qijia, et haute de 27 cm [ 21] est vue sous l'angle de sa particularité d'être couverte d'un dôme percé. Et cette particularité semble en faire la copie d'un vase de bronze martelé, donc réalisé dans un contexte où le bronze est rare, et le fait qu'aucun exemplaire de ce type n'ait été retrouvé proviendrait du fait de ce procédé de martelage d'une fine plaque de bronze et de sa rareté. Le bronze aurait donc pu être travaillé par martelage pour réaliser des vases, alors que cette pratique ne sera pas reprise par la suite dans un contexte, en Chine centrale, où le bronze a été utilisé en abondance.
3. La diversité des céréales, le grand nombre de chevaux ainsi que des couteaux et des haches de bronze témoignent de relations avec les cultures de Sibérie et d'Eurasie. Des indices archéologiques confirment les premiers contacts entre la culture de Qijia et celle d'Eurasie : la culture d'Andronovo , . Plus de cent objets de cuivre et de bronze ont été découverts sur au moins dix sites Qijia, ce qui marque un net contraste avec les cultures précédentes. Dans la première période de cette culture ce sont surtout des cuivres, mais on trouve déjà des alliages divers : l'étain abaisse le point de fusion et donne sa solidité à l'alliage . Ces métaux servent à réaliser de petits objets utilitaires comme des couteaux et des poinçons, des pointes de lance, des haches. Ils servent aussi à réaliser des objets liés à la parure, des parures de qualité comme des miroirs de bronze décorés de formes en étoile sur la face de l'anneau de suspension, des boucles d'oreille et des anneaux en or, de petits ornements en plaques de bronze incrustées de pierres fines, comme la turquoise, travaillées sous une forme semblable à ce qu'on trouve à Erlitou , au cours de la période moyenne de Qijia. Cette culture porte donc dans ces objets, leurs technologies et leurs formes, la trace d'interactions avec des populations éloignées. En particulier la métallurgie du bronze telle qu'elle est utilisée dans les cultures des steppes d'Eurasie : les manches des couteaux sont constitués, à leur base, d'un anneau typique de ces cultures d'Eurasie, pour ne pas dire d'Asie centrale, en effet il s'agit surtout de populations originaires de ce qui deviendra le Kazakhstan, en particulier la famille des cultures d'Andronovo et les populations Seima-Turbino. Quant au décor des miroirs en forme d'étoile il est d'un type similaire à ceux de Tianshanbeilu, au Xinjiang de l'Est . À côté de cette majorité de témoins de contacts avec les populations de l'Ouest il y a aussi les plaques décorées, typiques d'Erlitou ( Henan de l'Ouest ) , l'usage de cong en jade bien que fabriqués sur place avec le jade local, ou lorsqu'un disque bi, mais de pierre polie, est placé vers la tête du défunt dans une tombe comme à Laoniupo, près de Xi'an, témoignent d'échanges avec les cultures de l'Est de ce qui est devenu la Chine: ici ce sont les objets de prestige comme symboles de statut qui proviennent des traditions culturelles de l'Est . La culture de Qijia semble avoir servi de passage à ces technologies et à leur usage, provenant de Mongolie depuis l'Asie Centrale, dans des objets caractéristiques jusque dans le Xinjiang, puisqu'on en a des indices nombreux sur le site de Tianshanbeilu, à l'Est du Xinjiang.